Né le 31 décembre 1943 à Manéga, dans la province de l’Oubritenga, Frédéric Titinga Pacéré fut bien plus qu’un avocat ou un écrivain. Il fut le gardien des traditions orales, le chantre des cultures africaines, et l’architecte d’une discipline unique : la bendrologie. 

La bendrologie : science du langage tambouriné

La bendrologie, terme qu’il a lui-même forgé, est l’étude du langage des tambours, des masques et des danses africaines. Elle explore comment ces expressions artistiques véhiculent des messages, des histoires et des valeurs au sein des sociétés traditionnelles. Pacéré a consacré plusieurs ouvrages à cette discipline, notamment Bendrologie et littérature culturelle des Mossé (1988), où il introduit la littérature non écrite d’Afrique, incluant la littérature orale, le langage des tam-tams, le message des masques et des danses . 

Le Musée de la Bendrologie : un sanctuaire culturel

En 1997, il fonde le Musée de la Bendrologie à Manéga, à environ 55 km au nord-ouest de Ouagadougou. Ce musée, considéré comme l’un des plus importants du Burkina Faso, abrite une collection impressionnante de masques, fétiches, tam-tams et autres objets rituels. Il vise à préserver la culture africaine et à éviter que ces pièces ne soient dispersées en Europe . 

Un parcours littéraire et juridique remarquable

Premier avocat du Burkina Faso, Pacéré a également été un écrivain prolifique, auteur de plus de 60 ouvrages couvrant la poésie, l’essai, la sociologie et le droit. Il a reçu le Grand Prix Littéraire de l’Afrique Noire en 1982 pour ses œuvres Poèmes pour l’Angola et La Poésie des griots 

Un Trésor Humain Vivant

Reconnu comme Trésor Humain Vivant par le ministère de la Culture du Burkina Faso, Pacéré a été un acteur clé dans la préservation et la valorisation de l’art et de la culture du pays. Il a également été un fervent défenseur de la paix, soulignant le rôle des trésors humains vivants dans la construction de la cohésion sociale . 

Un héritage impérissable

Décédé le 8 novembre 2024 à l’âge de 80 ans, Frédéric Titinga Pacéré laisse derrière lui un héritage culturel inestimable. Son engagement pour la culture, la justice et la paix continue d’inspirer les générations futures. 

En honorant Frédéric Titinga Pacéré, le Burkina Faso célèbre non seulement un homme exceptionnel, mais aussi l’âme même de sa culture. Son parcours illustre la puissance de la musique et des traditions comme vecteurs de transmission, de résistance et d’identité.